La communauté Idaksahak, est une grande tribu vivant essentiellement au Mali et au Niger. Somme toute faite, il s’agit d’une communauté à spécificité intéressante dans la spécificité générale du monde touareg.
Les Idaksahak, sont évalués à 300000 âmes environ au Mali, bien que cette population soit présente au Niger, au Maroc, en Algérie et en Libye.
Sont-ils des indo-européens ou des gréco-romains ? Ce qui est sûr, c’est que l’étude sanguine menée par le Dr André chaventré sur les Kel Akamed et apparentés démontrait aisément que le sang des Idaksahak n’a aucune ressemblance avec celui des autres tribus voisines (Imouchagh et Eklan).
Pour certains, ils viennent du moyen orient, pour d’autres, il s’agit de population turcs. Idaksahak eux-mêmes affirment venir du sud-Est Marocain (région de Tafilalt).Quoiqu’il en soit, nous savons de façon certaine que cette communauté recèle en elle des groupes chérifiens et des groupes hamito-semitiques.ce sont les ‘’Banu-Isahaq’’, descendants du prophète Ishaq, lui-même fils d’Abraham. Nous affirmons sans risque de mentir que, Idaksahak, très nobles ne sont pas des juifs, comme le leur prête certains.

En effet, après le démantèlement de la synagogue de Tamantit au Maroc par le marabout El Maghili en 1492,un groupe de populations juives sont venues s’évanouir et disparaitre en milieu touareg du désert. L’origine juive est éloignée par les simples caractères de cette communauté.
Caractères :
· Début 15è siécle,idaksahak étaient les chefs de l’ empire songhaï.
· Le parler Idaksahak est composé essentiellement de tamacheq, d’arabe, et de songhaï.
· La communauté, extrêmement endogame est restée conservatrice.
· Idakasahak se caractérisent aussi par leur indépendance économique séculaire.
· Ce sont les fondateurs des foires des principautés haoussa du Nigeria.
· Idaksahak, grands éleveurs, à100°/° musulman (sunnite) adoptèrent depuis le 12è siécle,l’école Malikite.ils adorent l’espèce cameline.
· Tout comme les kel Essouk, c’est la communauté où l’on retrouve en milieu touareg la récitation de tout le coran par presque tout le monde.

En 1902 l' un des chefs parmi les plus importants de la communauté Idaksahak, le nommé Mohamed Adargajoj, venait faire sa soumission au colon français à Ansongo.Comme pour lui signifier son manque de confiance, l'administrateur français refusait purement et simplement cette allégeance qui ne disait pas son nom.
En réalité, le chef Adargajoj (père de Ayouba), très lié à la révolte de fihroun, tentait une soumission de façade.
De la même façon, les Idaksahak de Habib AG Aïbora (Tabaho) et leurs cousins étaient véritablement, une main armée des kel Talataye de Fihroun.

De cette façon, les Idaksahak avaient pris activement part aux batailles de Filingué et d’Adaranboukar.
D'ailleurs, lors de la bataille d ' Adaranboukar, seul un Adaksahak (idoguiritane) à pu se procurer une arme à feu, enlevée à l'armée française et à ses alliés arabes.
IDAKSAHAK, très lié aux Imajaghan, étaient partie prenante des accords de Fihroun d'avec l'administrateur coloniale 1917.
Retenons que la paix de 1917est faite par eux en l’absence des Imajaghanes.
L'indépendance économique et intellectuelle des Idaksahak qui était très marquée pendant toute la période coloniale et précoloniale, commençait à s'effriter avec la rébellion de 1963.

En effet, la présence inexpliquée de Mr Illiass Ag Ayouba au front en 1963 au côté de Zeid Ag Attaher et autres chef de la rebellion de l’époque exprimait certes un idéal mais, cet idéal était loin d’être partagé le milieu IDAKSAHAK.
Pour autant, il faut reconnaître que cette communauté peut être citée parmi les pères des Rébellions. A tort ou à raison, la communauté s’armait de façon concertée pendant la rébellion de 1990 pour une participation effective durant toute cette période.
La communauté IDAKSAHAK a grossi les rangs du 23 mai 2006 et aussi la premiers à se débarrasser du drapeau Malien à Talataye en 2011 avant même le déclanchement des attaques du 17/01/2012 contre l’armée Malienne. Pourquoi ? quelles étaient leurs motivations ?
Dans cette récente rébellion, elle compte une présence tant sur le plan politique en grand nombre au sein du MNLA, mais aussi dans le HCUA et une forte présence sur le plan militaire.

De nos jours notre communauté se cherche. La recherche de soi, l'engage fortement dans la lutte pour un Azawad prospère. Il faut tout de même remarquer que les jeux d'intérêts, la mauvaise compréhension des enjeux et des agendas portés par les différents acteurs du conflit actuel, divisent la communauté entre les mouvements armés du champ.
Quoi qu'il en soit, les leaders de la communauté (nommés lors de la dernière rencontre de Adaranboukar du 30 juin au 2 juillet 2014), s’emploient activement pour mettre fin à la division de notre communauté et lui redonner une image plus lisible.

L’accord de paix et de réconciliation issu du processus d’Alger a connu une participation très active de la communauté IDAKSAHAK, tant dans sa phase préparatoire que dans sa phase de négociation. La signature étant intervenue le 15 et le 20/06/2015, la communauté décidait d’adopter la position de la CMA (Coordination des Mouvements de l’Azawad), celle d’une application intégrale de ses termes.
Aussi, depuis juin-juillet 2014, la communauté disposait d’un comité exécutif dirigé par Monsieur Moussa Ag Acharatmane, lui-même secrétaire aux relations extérieures du MNLA.
Secoués par les affrontements intercommunautaires, les Idaksahak ont su garder le moral tout haut. De ce fait, ils se proposent de mettre à profit l’Accord dit d’Alger pour un redécoupage de leur terroir de prédilection tant dans la région de Gao que dans la région de Ménaka.
Dans l’actualité politique nationale, IDAKSAHAK n’éprouvent aucune haine ni aux voisins, ni aux maliens, encore moins au gouvernement de la République. C’est pourquoi ils acceptent volontiers l’intégration de l’ensemble national.

Sans vouloir parler d’une véritable renaissance, sous l’impulsion du Président unanimement élu à Anderamboucane (Injakok), le 02/07/2014, qui a impulsé une dynamique nouvelle, originale non seulement pour résister aux secousses terroristes, intercommunautaires, malgré paupérisation inquiétante de la Région de l’Azawad.
Pour ce faire et sous la direction de leur Président, les IDAKSAHAK ont organisé une quinzaine de rencontres inter et intracommunautaires sur fonds propres. Il n’est pas arrivé une seule fois où la communauté a bénéficié d’un appui extérieur.
Une nouvelle rencontre des autorités religieuses et des chefs de fraction assistés des deux comités (exécutif et d’orientation)est dejà programmé à Tassarast(Tin-Abaw) du 27 au 29 Septembre 2016.
Trois thèmes y seront abordés :
- Islam et cohésion intra et inter communautaire ;
- Harmonisation des verdicts et autres arrangements prononcés par les Cadis ;
- IDAKSAHAK dans l’ensemble Azawado-malien : pour quelle direction et pour quel avenir ???

Professeur Albachar Ag Hamadou